L'empreinte environnementale du numérique

Analyse des méthodologies de mesure de l’impact environnemental

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Comprendre les différences méthodologiques dans la mesure de l’impact environnemental du numérique

De nombreuses études tentent d’évaluer l’impact environnemental du numérique mais leurs résultats peuvent varier d’une étude à une autre. Méthodologiquement, sont-elles toutes alignées ? Qu’est-ce qui explique ces divergences ?

Mis en place par l’Arcep et l’ADEME qui en assurent le secrétariat, le Comité d’experts technique sur la mesure s’est penché sur la question. Dans son étude publiée le 3 avril 2023, il présente une analyse approfondie des différentes méthodologies utilisées, identifie leurs limites et propose des pistes d’amélioration. Avec un objectif : partager une approche commune et améliorer la modélisation des mesures de l’impact environnemental du numérique.

Résultats de l’analyse : des différences de méthodologie et des pistes d’améliorations souhaitables

Les résultats des évaluations de l’impact environnemental du numérique peuvent varier fortement d’une étude à une autre. Pourquoi de telles différences ?

Comme le souligne le premier volet de l’étude ADEME-Arcep, le déficit d’ancrage méthodologique dans l’évaluation de l’impact environnemental du numérique est une première raison. Sur un échantillon de 132 études publiées après 2010, la majorité d’entre elles ne font pas mention de référentiels (91%). Certaines études font simplement mention d’un ou de plusieurs référentiels sans le(s) suivre (7%) et très peu d’études (2%) mentionnent de façon explicite le suivi total ou partiel d’un référentiel pour l’évaluation d’impacts environnementaux.

Par ailleurs, lorsqu’elles sont appliquées, les méthodologies peuvent diverger de manière plus ou moins importante (le périmètre, les indicateurs, les normes de référence, etc.) et se baser sur des sources de données plus ou moins fiables.

D’autre part, les référentiels de méthodologie d’évaluation promus par l’Union internationale des télécommunications (UIT), bien que considérés comme « faisant autorité » par les experts, ne sont pas suffisamment utilisés et intégrés par ces études d’impact. Ces référentiels sont en effet difficilement utilisables par un public non initié. Par ailleurs, quand bien même ces référentiels sont exploités, se pose la question de leur exhaustivité.

Dans ce contexte, l’analyse du Comité d’experts techniques sur la mesure poursuit un triple objectif :

  • analyser les écarts méthodologiques entre les évaluations d’impact du numérique ;
     
  • apprécier le degré d’applicabilité et d’exhaustivité des référentiels de l’UIT, en particulier le standard UIT-T L. 1450 ;
     
  • identifier les limites méthodologiques des études évaluant l’impact environnemental du numérique et recommander des pistes d’amélioration.


L’analyse du Comité adopte une approche opératoire en trois temps :

  1. Déterminer une grille d’analyse synthétisant les exigences méthodologiques et de fiabilité des données selon les standards de l’UIT portant sur l’évaluation de l’impact environnemental du secteur des TIC ;
  2. Passer au filtre de cette grille trois études témoins qui évaluent l’impact environnemental du numérique : une étude issue d’un industriel (Ericsson), une étude issue d’un think-tank environnemental (The Shift Project) et une étude issue d’organisations publiques (ADEME-Arcep) ;
  3. Proposer des pistes d’amélioration afin de faire évoluer les référentiels existants, en particulier le standard L. 1450 de l’UIT-T.

 

Le Comité d’experts technique sur la mesure propose 15 pistes, parmi lesquelles figurent par exemple :

  • élargir la notion d’« impact environnemental » pour prendre en compte, en plus du changement climatique, la consommation de ressources, la protection de la biodiversité et d’autres limites planétaires ;
  • spécifier comment intégrer les technologies émergentes comme la Blockchain, l’intelligence artificielle et l’internet des objets dans les études d’impact environnemental du numérique ;
  • mieux délimiter le périmètre d’application du standard L.1450 en clarifiant les frontières des TIC avec d’autres secteurs connexes comme le secteur des Médias et des Loisirs (E&M). 

• Tous les commentaires sur cette note sont bienvenus à l’adresse mail : ComiteExpertsMesure[a]arcep.fr