"Monsieur l’Ambassadeur, Monsieur le Président de Nokia en France, Mesdames et Messieurs , chers amis,
Il est quand même rare, dans le monde du numérique, d’avoir l’occasion de fêter un centenaire. Mais certaines institutions ont su continuellement se renouveler au fil des changements technologiques et traversent ainsi le temps. C’est le cas des Bell Labs qui ont non seulement marqué l’histoire des télécoms, mais qui marquent plus largement notre histoire commune, tant le numérique est devenu une infrastructure de nos vies.
Les Bell Labs ont cent ans cette année. Je ne vais pas retracer l’intégralité de cette aventure scientifique, technique et industrielle, avec quand même 11 prix Nobel et 5 prix Turing à la clef. D’autres ici le feront bien mieux que moi. Je voudrais plutôt dire un mot de ce que nous, à l’Arcep, partageons avec les équipes de Nokia et des Bell Labs depuis la création de l’Autorité, il y a un peu plus d’un quart de siècle
En tant que régulateur, nous avons une exigence : celle de ne jamais rester hors sol. Cela implique une présence constante à l’écoute des utilisateurs des services régulés. Cela suppose aussi d’avoir une vision prospective des enjeux technologiques, d’avoir des liens profonds et constants avec les experts du secteur, avec les industriels, avec ceux qui rendent le progrès possible. C’est dans ce cadre que Nokia et ses équipes techniques sont pour nous un partenaire essentiel et je saisis cette occasion pour les remercier .
Nous avons bâti une relation de confiance, technique et stratégique, à travers plusieurs comités clés, qui se réunissent régulièrement avec les experts des différentes parties prenantes pour prendre des positions communes et trouver des solutions techniques pour l’ensemble du secteur.
Nous en avons trois, tous présidés par des personnalités de Nokia. Le comité Fibre (qui a succédé au feu comité Cuivre) présidé par Catherine Mancini, puis Hicham Jaouhari, le comité d’experts techniques mobile, avec à sa tête là aussi Catherine Mancini, puis Olivier Taffin, et plus récemment mis en place, le comité d’experts sur l’impact environnemental du numérique, d’abord présidé… par Catherine Mancini, puis aujourd’hui par Paul Schwab.
Ces travaux sont précieux pour l’Arcep. Ils alimentent et enrichissent nos analyses, ils nourrissent nos décisions, ils renforcent la pertinence de la régulation.
Et plus que tout, ils nous rappellent que derrière chaque décision de régulation, chaque arbitrage, il y a des réalités techniques, industrielles, humaines.
Quels sont les défis qui nous attendent collectivement pour le siècle à venir ? Ils sont évidemment nombreux, tous très liés aux technologies émergentes critiques pour l’Europe du numérique, thème que vous avez choisi pour cet évènement. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons créé, à l’Arcep, le projet « Réseaux du futur », qui s’appuie sur un comité scientifique constitué d’experts de renom, dont Jean-Luc Beylat, que je salue.
Nous avons d’abord le déterminant défi du développement de l’Intelligence Artificielle à la fois levier de progrès et source de nouvelles responsabilités. C’est évidemment un enjeu majeur de compétitivité européenne. A l’Arcep, nous travaillons d’ailleurs sur les conditions d’accès aux ressources clefs de l’IA : puissance de calcul, électricité et compétences.
Ensuite, nous devons nous assurer collectivement que ces technologies, ces services, seront disponibles pour les générations futures, ce qui nécessite une prise en compte et une réduction des impacts environnementaux du numérique. Avec les Nokia Bell Labs, nous partageons cette préoccupation, et nous avons d’ailleurs collaboré étroitement avec Susanna Kallio, notamment sur la mesure de l’impact environnemental de l’IA et sa normalisation. Continuons à porter ensemble cet enjeu aux niveaux européen et international.
Et à moyen terme, un autre sujet se profile : le quantique. Un champ de nouvelles solutions technologiques s’ouvre à nous. Nous avons de véritables pépites européennes, scientifiques et industrielles, grandes ou petites. Et il est important pour la France et l’Europe que Nokia et ses partenaires soient toujours à la pointe des développements en matière de quantique, notamment pour son usage dans les télécommunications.
En fait, ce que nous célébrons aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’héritage des Bell Labs. C’est beaucoup plus la capacité depuis 100 ans à se projeter, à anticiper, à continuer de bâtir l’excellence technologique.
C’est donc avec un immense merci et de très sincères félicitations aux équipes des Bell Labs, à Nokia que je souhaite conclure. Merci pour votre fidélité partenariale avec l’Arcep, merci pour votre rigueur, et pour votre vision."
Laure de La Raudière, présidente de l'Arcep.