Prise de parole - Interview

« Ma stratégie face aux grands opérateurs télécoms français »

Sébastien Soriano, président de l'Arcep, répond aux questions du journal Digital Business Africa (16 septembre 2019)

Présent à Douala au Cameroun à l'occasion du 16ème séminaire du Réseau francophone de la régulation des télécommunications (Fratel) tenu du 02 au 03 avril 2019, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep France, et président en exercice du Fratel, a bien voulu répondre aux questions de Digital Business Africa sur sa stratégie pour mieux faire face aux grands opérateurs télécoms français et sur bon nombre de sujets de régulation, y compris ceux concernant l'Afrique.

Digital Business Africa : Aujourd'hui, le constat est là. Dans plusieurs pays, la sanction des opérateurs télécoms pour mauvaise qualité de service n'apporte pas toujours la solution à l'amélioration de cette qualité de service. Alors à votre avis, à ce jour, la sanction des opérateurs télécoms est-elle toujours la bonne solution ?

Sébastien Soriano : Je pense qu'il faut les deux. C'est-à-dire qu'il faut à la fois de la sanction et de l'incitation. La sanction est essentielle pour permettre le respect d'un certain nombre de règles de base.

Par exemple, si des opérateurs ont des obligations de couverture de territoire, ils n'ont aucun intérêt à les respecter en général, parce que le déploiement des réseaux dans les zones moins denses ne paye pas du tout. Donc, on ne pourra obtenir des opérateurs qu'ils aillent dans les zones peu denses, dans les zones rurales et de forêt ou encore des zones difficiles que s'il y a un régime de sanction qui les obligent à le faire. Et s'ils ne le font pas, il y a une amende.

Mais, la sanction ne suffit pas. Parce que la sanction permet de s'assurer qu'il y a le minimum. Le minimum ne suffit pas, parce qu'il y a de plus en plus de trafic qu'elle nécessite et par ailleurs, il faut aussi s'appuyer sur l'intelligence des opérateurs. Des opérateurs vont installer leur réseau d'une certaine manière dans les zones où il y a beaucoup de trafic.

Et ça, c'est quelque chose qui est très difficile à prévoir. Donc, en plus de la sanction, il faut de l'incitation. C'est à dire trouver un mécanisme vertueux par lequel un opérateur, s'il investit plus, s'il fait plus d'efforts d'amélioration de la qualité, il est récompensé.

La sanction c'est la récompense négative.

Il faut aussi une récompense positive et la récompense positive ce sont les consommateurs, c'est la concurrence.

Il faut que les consommateurs puissent être conscients du fait qu'il y a certains réseaux qui ont une meilleure qualité que les autres. Il faut que ce soit une information très simple qu'on leur apporte, parce que les consommateurs, ils regardent leurs portefeuilles.

Donc, la chose qui les intéresse en premier c'est le prix et c'est normal. Et si on leur apporte aussi l'information sur la qualité de service, peut-être que demain ils choisiront aussi les opérateurs en fonction de la qualité. Et alors, l'opérateur qui aura fait l'effort d'investir plus sera récompensé, parce qu'il aura plus de clients et donc qu'il aura encore plus d'argent pour investir. Il y a donc une spirale vertueuse qui peut se mettre en place.

L'intégralité de l'interview sur le site de Digiatl Business Africa (article réservé aux abonnés)