Paul Champsaur, président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) depuis 2003 arrive en fin de mandat et un successeur sera nommé par le Président de la république au 1er janvier. Il revient sur sa politique de régulation active pour développer le marché des télécoms et s'assurer qu'il est assez concurrentiel.
Challenges. L'Arcep a annoncé le 2 décembre une forte baisse des prix des appels mobiles que les opérateurs se facturent entre eux. Quel impact cela aura-t-il pour le consommateur?
Paul Champsaur. Cela permettra aux opérateurs de proposer plus facilement des forfaits avec des appels illimités vers tous les opérateurs alors que les offres actuelles, de numéros illimités sur leur seul réseau favorisent les leaders. Il s'agit aussi de rapprocher les tarifs de gros du mobile de ceux du fixe. Grâce au bas coût de ces derniers, les fournisseurs d'accès internet ont pu inclure dans leurs offres les appels fixes illimités. Avec des prix comparables dans le mobile, les Box pourraient, à l'avenir, aussi inclure l'illimité vers les mobiles.
Est-ce une façon de rééquilibrer le jeu davantage en faveur des opérateurs fixes?
Dans l'ADSL, grâce à notre régulation obligeant France Télécom à louer ses lignes et encourageant ses concurrents à investir dans leur réseau, les Français disposent des offres les moins chères d'Europe et sont les premiers utilisateurs au monde de téléphone et de télévision par internet. En revanche, sur le marché du mobile, que nous ne régulons pas, il s'est constitué un oligopole serré. Or, à l'heure de la convergence, les opérateurs mobiles peuvent entrer sans barrière dans le fixe, comme l'a fait Bouygues Telecom avec sa Bbox. A l'inverse, eux sont protégés de l'intrusion d'opérateurs fixes par la nécessité d'obtenir des fréquences, rares et chères.
A l'inverse du gouvernement, l'Arcep était favorable à un quatrième opérateur...
La messe n'est pas dite. L'arrivée d'un quatrième opérateur crédible mettrait une saine pression concurrentielle. De plus, un nouvel opérateur serait incité, pour " remplir " son réseau, à être plus accueillant avec les opérateurs virtuels (MVNO) à qui Orange, SFR et Bouygues Telecom laissent peu de marge de manoeuvre. En ces temps de crise où l'on encourage l'investissement privé, pourquoi laisser les fréquences de la quatrième licence en jachère?
Comment se passe le déploiement de la fibre, pour l'internet à ultra haut débit?
France Télécom propose à ses concurrents une offre de gros d'accès à son réseau génie civil pour le déploiement de la fibre " en horizontal " (souterrain). C'est sur la partie terminale, " en vertical " (dans les immeubles), qu'il veut imposer sa solution: la pose d'une fibre unique à laquelle se raccorderaient les concurrents. Cela pourrait en handicaper certains, tel Iliad-Free qui utilise une autre technologie. Nous proposons de tester un compromis au surcoût minime et préservant la liberté des choix techniques: la pose de fibres en surnombre. Je m'interroge donc sur les raisons du blocage depuis l'été, par l'opérateur historique, des discussions sur le câblage terminal. Alors que tous les opérateurs avancent vite en sous-sol -plus de 3 millions de foyers ont la fibre dans leur rue- ce blocage entretenu freine le branchement effectif des domiciles.
Propos recueillis par Gaëlle Macke