9,8 milliards d’euros, 40% d’augmentation en quatre ans : le niveau des investissements des opérateurs témoigne d’un effort important et continu, nécessaire pour répondre aux besoins du pays.

Derrière ces chiffres, quelles réalités pour les Français ? Les bénéfices sont là : l’équipement du territoire progresse, les réseaux gagnent en qualité et en couverture, ils se mettent en capacité de suivre les évolutions des usages des utilisateurs et d’accompagner la numérisation des entreprises. Très concrètement, les territoires profitent de plus en plus de la fibre, dont l’ampleur des déploiements en 2018, et le rythme en progression constante, ont porté la croissance des investissements cette année. 13,5 millions de logements sont éligibles à la fibre, ce qui représente 7,9 millions d’accès supplémentaires déployés en trois ans. Côté mobile, l’investissement s’est traduit pour les utilisateurs par une importante progression de la couverture en 4G, qui concerne désormais 65% du territoire (+20 points en un an). Une progression qui répond à l’explosion des usages mobiles des Français et au doublement des volumes de données consommées.

Prochaine étape : la 5G. L’Arcep ne manquera pas de poursuivre sa régulation pro-investissement et pousser à nouveau les opérateurs vers l’équipement et la connectivité du pays.

Joëlle Cottenye, membre du collège de l’Arcep

La régulation en action

Télécoms : de nouveaux relais de croissance pour les opérateurs

Mardi 21 mai dernier, l’Arcep a rassemblé près d’une trentaine de journalistes, analystes financiers et représentants d’opérateurs pour sa conférence de presse annuelle « Telconomics », à l’occasion de la publication du bilan annuel du secteur et des chiffres clés du marché.

Premier constat : les opérateurs sont une fois encore au rendez-vous de l’investissement. En 2018, ils s’élèvent à 9,8 milliards d’euros, un nouveau record. Pour Sébastien Soriano, président de l’Arcep, « [c’est] un bon niveau. Ce qui compte, c’est de le maintenir dans cet ordre-là. Du côté des politiques publiques, nous avons le beurre et l’argent du beurre. Mais il ne faut pas oublier les opérateurs.» (Le Figaro, 20 mai 2019)

C’est le second point abordé par le président de l’Arcep ; les défis pour les opérateurs sont nombreux : maintien d’un rythme soutenu de déploiement de la fibre et des sites 4G, sans oublier la 5G. Si leurs revenus stagnent (ils s’élèvent à 35,6 milliards d’euros l’an passé), les opérateurs voient de nouveaux relais de croissance émerger : le marché entreprises, demandeur d’offres sur mesures, les opportunités liées aux nouvelles générations de technologie comme la 5G avec la ville connectée (smart city), l’industrie 4.0, ou encore les véhicules connectés. A eux de monétiser ces opportunités en mettant en place de nouvelles offres.

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« Les opérateurs télécoms auront de nouvelles obligations avec la 5G », Sébastien Soriano dans le Figaro du 20 mai 2019

Demain en chiffres

La Chine devrait représenter plus de la moitié (55,8 %) du marché mondial de l’e-commerce d’ici à la fin de l’année 2019 selon le cabinet e-Marketer. Il estime cette part à 63% en 2022, contre 15% pour les États-Unis.

En vue

Cédric O

Secrétaire d’État en charge du Numérique

Depuis le 31 mars dernier, Cédric O est secrétaire d’État chargé du Numérique auprès du ministre de l’Économie et des Finances et du ministre de l’Action et des Comptes publics. Il succède à Mounir Mahjoubi. Le développement de l’écosystème technologique français, l’accès aux services publics en ligne et la régulation des plateformes font partie de ses objectifs.

Ailleurs dans le monde

Enchères 5G en Allemagne : 30 jours plus tard, où en est-on ?

Le 19 mars dernier, le régulateur allemand BnetzA a initié une procédure d'attribution de fréquences mobiles par enchères pour les réseaux 5G. Il s'agit de renouveler les licences des 2x60 MHz de la bande 2,1 GHz et d'attribuer de nouvelles licences pour les 300 MHz de la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz (bande pionnière identifiée pour les premiers déploiements 5G en Europe).

Quatre candidats y participent : les trois opérateurs de réseaux mobiles existants (Deutsche Telekom, Telefonica, Vodafone) ainsi qu'un MVNO (1und1 Drillisch, filiale d’United Internet). Après presque 30 jours d'enchères, la procédure n'est toujours pas terminée et tous les candidats, y compris le nouvel entrant 1und1 Drillisch, sont en position d’obtenir des licences sur les deux bandes. Les engagements à payer s'élèvent respectivement à plus de 2,3 milliards d'euros sur la bande 2,1 GHz et plus de 3,5 milliards d'euros sur la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz : la valorisation de cette seconde bande est dans le haut de la fourchette des plus récentes attributions dans d’autres pays (proche de 15 centimes d'€ - €/MHz/population) bien que deux fois moindre que les valorisations observées en Italie l’année dernière. C'est notamment sur la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz que les enchères continuent aujourd’hui, principalement pour obtenir un différentiel sur la quantité totale de fréquences grâce au gain marginal d'un seul bloc de 10 MHz.

En France, le Gouvernement vient de communiquer à l'Arcep ses orientations sur l'attribution des fréquences pour la 5G. La procédure d'attribution de la bande 3,4 - 3,8 GHz est prévue avant la fin de l'année.

L'Arcep like

Le French Fab Tour

Le French Fab Tour, c’est une tournée de 60 dates dans toute la France pour promouvoir l’industrie, susciter des vocations chez les jeunes, proposer des offres d’emploi et co-construire l’industrie de demain. Ateliers et rencontres avec des professionnels de l’industrie sont au rendez-vous. Organisée par BPI France, le French Fab Tour a débuté le 26 février dernier à Saint-Quentin et se terminera le 10 octobre à Paris.

Sébastien Soriano, président de l’Arcep, a participé le 23 mai dernier à l’étape troyenne de la tournée et a pris la parole sur la numérisation des entreprises.

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Tout terrain

Les membres du collège se sont rendus dans les Hauts-de-France

Fin avril, les membres du collège de l’Autorité se sont rendus pour deux jours dans les Hauts-de-France, dont Joëlle Cottenye, membre du collège, est originaire mais aussi vice-présidente du conseil départemental du Nord.

Au programme, rencontres avec deux acteurs économiques clés de la région : OVH, entreprise de renom spécialisée dans le cloud computing et Euratechnologies, incubateur et accélérateur de startups.

Ils ont pu également échanger avec les élus et les acteurs de l’aménagement du territoire, et en particulier ceux en charge du déploiement de la fibre optique.

Bien dit

« Ceux qui font l’Internet d’aujourd’hui ignorent sa promesse originelle : la liberté, l’accès à la connaissance et l’émancipation des individus. La mécanique de développement des leaders du numérique est désormais connue : sur leurs terminaux, ils ont intégré des systèmes d’exploitation ; sur leurs interfaces, ils ont pré-embarqué des applications ; sur leurs plates-formes, ils proposent désormais leurs propres contenus. Le citoyen acheteur d’un équipement numérique entre dans un monde au moins partiellement clos, contrôlé par un seul acteur, capable d’orienter son accès aux produits, aux services et à l’information. »

Sibyle Veil, PDG de Radio France, Le Monde, 12 avril 2019

Pendant ce temps, à Bruxelles...

Le 28 mars dernier, la Commission européenne publiait le rapport de Guillaume Klossa, conseiller spécial du vice-président Andrus Ansip et fondateur d’EuropaNova sur le thème : “An Industrial Media Strategy to leverage Data, Algorithms and Artificial Intelligence”.

Un des objectifs du rapport était de répondre à cette question : comment s’assurer que les techniques numériques contribuent à une évolution démocratique du secteur des médias ? Guillaume Klossa formule quatorze recommandations. La première d’entre elles est de co-construire une politique européenne des médias qui soit au service d’une transformation sociale démocratique.

Le rapport plaide aussi pour un « New Deal on Data ». A ce titre, il est recommandé d’instituer, par la régulation, la mise en place d’API au sein des plateformes afin de permettre aux chercheurs, experts, associations et autres d’accéder aux données nécessaires à la réalisation d’études et expérimentations oeuvrant à la préservation d’un espace médiatique en conformité avec nos valeurs.

D’autres recommandations sont mises en avant comme la mise en place d’un bouton « neutre » qui permettrait à l’utilisateur de voir ce qui lui serait proposé sans usage des données personnelles, l’instauration de la portabilité et l’interopérabilité comme « précondition pour rendre la concurrence possible », la mise sur pied d’une supervision européennes des plateformes systémiques, ou encore la création de « pan-EU data commons ».

Pour y parvenir, Guillaume Klossa suggère deux modes d’actions : les partenariats et la co-construction. On ne peut qu’adhérer !

Le rapport

L'Arcep raconte

Tous mobilisés pour une mesure de la qualité de service internet transparente et fiable

Sur les réseaux fixes, la mesure de la qualité de service est particulièrement complexe. Il est quasi-impossible pour les « speed test » de connaître avec certitude la technologie d’accès (cuivre, câble, fibre, etc.) sur laquelle a été réalisée un test. Afin de résoudre ce problème majeur, l’Arcep a lancé il y a un peu plus d’un an, un vaste chantier sollicitant tout l’écosystème. Une démarche pionnière à l’échelle mondiale !

Acteurs de la mesure, opérateurs, chercheurs, au total une vingtaine d’acteurs se sont mobilisés sous l’égide de l’Arcep. Après plusieurs dizaines de rencontres, cette démarche de co-construction a permis de converger vers la mise en place d’une Application Programming Interface (API) implémentée directement dans les box par les opérateurs et accessible aux outils de tests qui respectent le Code de conduite publié par l’Arcep.

Cette API, qui n’est pas un outil de mesure en soi, permettra de transmettre aux outils tiers les informations qui constituent la « carte d’identité de l’accès », telles que la technologie d’accès, mais aussi, par exemple, le débit souscrit par le consommateur, la qualité du Wi-Fi, etc. Aucune donnée liée à l’identification de l’utilisateur (identifiant, nom, localisation etc.) ne sera transmise.

Cette solution sera développée à partir de 2020. Le coup d’envoi sera donné par la publication d’une décision de l’Arcep dont un projet a été soumis à consultation publique.


Loïc Duflot, Pierre Dubreuil, Vivien Guéant, Emmanuel Leroux et Samih Souissi

Directeur « Internet et utilisateurs » et membres de l’unité « Internet ouvert »

On vous donne rendez-vous

Le 27 juin à Paris - Présentation du rapport sur l'état d'internet en France

L’Arcep a établi le bilan de santé 2019 d’internet et présente ses conclusions et son rapport sur le sujet le 27 juin prochain. Pour filer la métaphore médicale, l’Arcep ausculte le patient Internet sur les composantes qui relèvent de ses missions : qualité du service, interconnexion des données, transition vers le protocole IPv6, neutralité des réseaux et ouverture des terminaux. L’enjeu ? Veiller à ce qu’internet se développe comme un « bien commun ».

Sur invitation

Retrouvez l'Arcep...

Le 4 juin à Paris
Cyber Festival #ANSSI10

L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) fête ses dix ans cette année et organise pour l’occasion le Cyber Festival #ANSSI10 le 4 juin prochain. Cet événement réunira l’ensemble des acteurs de l’écosystème numérique, issus des secteurs public, privé et de la société civile. Sébastien Soriano y participera en qualité de grand témoin.
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Le 7 juin à Paris
Telco & Digital Forum

Organisé tous les ans par la rédaction des Echos, le « Telco & Digital Forum » fait le point sur l’actualité du marché des télécoms et la stratégie des acteurs français et européens. Au coeur des débats cette année : la 5G (usages et sécurité des réseaux) et la fibre optique. Sébastien Soriano, président de l’Arcep, viendra clore le forum. Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence ou encore Eric Bothorel, député, interviendront au cours de cette matinée.
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Du 11 au 14 juin à Tunis
RightsCon

Depuis 2011, l’ONG « Access Now » organise chaque année un sommet dédié aux droits de l’homme à l’ère du numérique. 2 000 participants provenant de 130 pays sont attendus à Tunis à cette occasion. 700 entreprises, Gouvernements et institutions y seront représentés. Sébastien Soriano participera à ce sommet le 12 juin.
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Les 12 et 14 juin à Gand
Réunion plénière du BEREC

Les membres du BEREC, groupe des régulateurs européens des télécoms, se réunissent du 12 au 14 juin en Belgique. Seront publiés à l’issue de cette réunion : un rapport sur la « data economy », une position commune sur le partage d’infrastructures et un rapport sur l’accès au génie civil dans le cadre des analyses de marché 2017-2020.
Le site du BEREC


Les 13 et 14 juin à Paris
FUTUR.E.S

Pour son dixième anniversaire, le festival de l’innovation numérique et durable, organisé par Cap Digital, prend ses quartiers à la Galerie des Gobelins ! Gratuit et ouvert à tous, le festival s’articulera cette année autour de quatre thématiques : les villes durables, l’open culture, la santé, et les sociétés apprenantes.
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Le 14 juin à Paris
Conférence « Demain la concurrence / New frontiers of antitrust »

La conférence « Demain la concurrence » fête cette année son 10e anniversaire. Cette conférence, organisée par la Revue Concurrences, se tient à la suite du Global Forum on Competition de l’OCDE. Sébastien Soriano participera à la table-ronde « Données commerciales et données personnelles : faut-il vraiment partager l’accès ? Faut-il restreindre la collecte ? »
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