Etude relative aux services de messagerie instantanée : présentation de l’étude – mai 2004

 

Avertissement

L'Autorité a confié à l'IDATE une étude sur les services de messagerie instantanée.

Déjà largement répandue au sein de l'entreprise, la messagerie instantanée présente un potentiel de développement au sein des marchés fixe et mobile. Ce mode de communications combine plusieurs fonctions associées à la communication inter-personnelle : le temps réel, la définition de contacts privilégiés par l'utilisateur, le texte, la voix, l'état du contact potentiel : " en ligne ", absent.

Cette étude recense les principaux acteurs des marchés fixe et mobile, décrit les principes de fonctionnement et présente les différents modèles économiques et les perspectives d'évolution du service notamment en terme d'interopérabilité.

La méthodologie utilisée et les résultats obtenus sont de la seule responsabilité de l'IDATE et n'engagent pas l'Autorité.

Dans un souci de transparence et d'information ouverte, l'Autorité a décidé de rendre publique cette étude.

 

Résumé et étude compléte en téléchargement doc (76 p. / 3,87 Mo) ou pdf (76 p. / 2,14 Mo)
Summary and study to download doc (76 p. / 3,58 Mo)or pdf (76 p. / 2,16 Mo)

Déjà largement répandue au sein de l’entreprise, la messagerie instantanée présente un potentiel d’essor théorique au sein des marchés fixe et mobile. En effet, elle combine plusieurs fonctions associées à la communication inter-personnelle : le temps réel (instantanéité des communications), la définition de contacts privilégiés par l’utilisateur (la " budy list "), l’ouverture vers différents modes de communications : texte mais également voix sur IP, vidéo, fichiers, etc. couplées avec l’information sur le statut du contact potentiel : " en ligne ", absent. En mode texte, plusieurs communications peuvent avoir lieu simultanément avec un ou plusieurs correspondants identifiés au sein de la " budy list ". Ces services sont accessibles en ligne à partir d’un ordinateur par le biais d’un logiciel ad-hoc (le " client de messagerie "), téléchargeable et, depuis peu dans certains pays, à partir d’un terminal mobile.

Une nouvelle fois, les environnements fixe et mobile s’opposent : technologies et hiérarchies d’acteurs distinctes et, bien entendu, modèles économiques différents.

Les services de messagerie instantanée fixes reposent sur un modèle, aujourd’hui, le plus souvent gratuit : l’utilisateur ne paie pas les messages échangés. AOL, avec deux solutions AOL instant messaging et ICQ, Yahoo et Microsoft avec MSN messenger dominent le marché français et mondial des " clients de messagerie ". Mais, en concurrence avec ces solutions, le fournisseur d’accès Internet propose généralement sur son portail un service de messagerie instantanée : le " Messager " chez wanadoo, " Tom " chez Club Internet, etc. C’est l’effet " club ", le plus grand nombre de correspondants potentiels, qui va guider le choix de l’utilisateur. En effet, le choix du fournisseur de service de messagerie instantanée reste libre et se résume au téléchargement du " client de messagerie " sur son ordinateur personnel. Ces systèmes, clients téléchargeables ou services de FAI, restent aujourd’hui largement incompatibles. Cet outil est considéré par les fournisseurs d’accès Internet ou par les publicitaires, à l’origine du financement du service dans certains cas, comme le fédérateur de communautés fermées. Cette logique bénéficie aux fournisseurs disposant des bases d’utilisateurs les plus importantes. Ils n’ont aucun intérêt à une interopérabilité des systèmes qui casserait un modèle économique qui ne repose pas sur les revenus associés au trafic. On notera la position privilégiée de Microsoft sur le marché entreprises qui constitue un levier potentiel pour conquérir des utilisateurs sur des marchés connexes (voir ci-dessous le cas Vodafone et Orange UK).

Au contraire, dans l’environnement mobile, la hiérarchie des acteurs est beaucoup plus intégrée : l’opérateur mobile agit en fournisseur d’accès et de services. Le " client de messagerie " n’est en général pas téléchargeable rendant le client captif de la solution de l’opérateur. Le modèle payant, qui s’oppose à celui du fixe, repose sur la facturation des messages échangés : des messages courts (SMS) ou des flux de données sur le réseau GPRS. A terme, certains opérateurs envisagent de baser le mode de facturation sur le modèle SMS même si le support de transmission est un flux de données GPRS. Cette facturation à l’acte peut également s’appliquer au message reçu (cas du service Microsoft MSN messenger proposé par Vodafone et Orange UK). La baisse des tarifs de détail des messages courts (SMS) pourrait constituer un facteur d’essor de ce type service dont l’usage est largement en retrait par rapport au fixe.

Par ailleurs, l’introduction prochaine de terminaux permettant le téléchargement de " clients de messagerie ", compatibles avec ceux de l’univers fixe, va ouvrir une brèche dans l’offre de services de messagerie contrôlée à ce jour par les opérateurs mobiles. Cette rupture annoncée peut, en réaction, conduire implicitement les opérateurs mobiles à rechercher l’interopérabilité des solutions mobiles déployées dans une logique économique de conquête d’un plus grand nombre d’utilisateurs. Cette tendance se dessine en France selon l’étude de l’IDATE. Par ailleurs, on notera qu’au stade actuel, dans le cas de terminaux à systèmes d’exploitation ouverts, l’opérateur mobile peut encore contrôler l’accès à de tels serveurs en exerçant un filtrage en sortie du réseau GPRS.

De nombreux freins existent pour la convergence des services de messagerie instantanée fixe et mobile : technologie distincte, modèles économiques opposés. Cependant des acteurs tels MSN et AOL, s’appuyant sur le socle d’utilisateurs fixes, ont déjà négocié avec certains opérateurs une ouverture vers le domaine mobile.

La messagerie instantanée, plus mature dans l’univers du fixe, introduit une rupture majeure pour les communications vocales entre correspondants au sein d’une même communauté. Bien entendu, ces communications de PC à PC restent gratuites et représentent un réel facteur de rupture par rapport au modèle économique en place pour la téléphonie commutée. Au-delà de la gratuité, la messagerie instantanée contribue à l’essor de ces services de Voix sur IP via la simplicité de la mise en relation avec le correspondant distant et la qualité des logiciels de traitement audio et vidéo(cf Skype qui a conquis plusieurs millions d’utilisateurs en quelques mois). D’ores et déjà, chez certains fournisseurs de services de messagerie instantanée, l’utilisateur peut établir une communication nationale voir internationale avec un abonné du réseau fixe grâce à une passerelle vers le réseau téléphonique commuté fixe. Dans ce contexte, si l’accès au service va rester gratuit, la tarification de la communication sera établie à la minute en fonction des tarifs négociés au niveau des passerelles d’accès vers le réseau commuté. Ce service conserve aujourd’hui ses limites : l’utilisateur de messagerie instantanée ne peut être joint par l’abonné du réseau commuté en raison de l’incompatibilité des systèmes d’adressage et de numérotation mis en œuvre.

Trois éléments clés assurent le contrôle du service : les serveurs de téléchargement des " clients de messagerie ", d’enregistrement des utilisateurs et de présence pour le domaine mobile. Ils peuvent être situés en dehors du territoire national et indépendants des fournisseurs d’accès.

Si ce travail reste globalement factuel, il souligne clairement les divergences entre les modèles fixes et mobiles et donne des éclairages significatifs sur les perspectives de nouveaux services en France via des exemples significatifs à l’international. Il révèle le potentiel théorique de la messagerie instantanée et les ruptures, dans l’univers du fixe, en terme de voix sur IP mais également, à court terme, de visiophonie. Elle s’insère de manière plus marquée dans le cadre de la substitution de la téléphonie fixe et mérite une étude et un suivi attentif afin d’évaluer son potentiel à moyen terme.

Selon l’étude Credoc publiée par l’Autorité, un internaute sur trois a déjà utilisé la messagerie instantanée mais seulement 6 % envisage de le faire dans les prochains mois. Ces enseignements sont sans aucun doute à modérer dans le cas d’un usage de la messagerie instantanée pour les communications interpersonnelles " voix sur IP " de PC à PC. Mais le " client logiciel " Skype de Voix sur IP téléchargé par plus de 4 millions d’internautes à travers le monde depuis la fin de l’été présente, d’ores et déjà, un potentiel fédérateur et attractif chez les internautes.

Si la voix sur IP reposant sur des services de messagerie instantanée n’est pas à l’ordre du jour à court terme dans le domaine mobile, l’arrivée sur le marché de terminaux à systèmes d’exploitation ouverts va entraîner une rupture dans le modèle établi par les opérateurs avec les tentatives de contrôle par ces derniers que cela sous-entend.

Enfin, la convergence des solutions fixes et mobiles n’est pas naturelle. Ce contexte pourrait engendrer des différends, à terme, entre fournisseurs de clients de messagerie, fournisseurs d’accès et opérateurs mobiles.

L’étude réalisée par l’Idate peut être partiellement mise en ligne sur le site de l’Autorité mais également servir de socle pour un appel à commentaires sur les enjeux de la voix sur IP afin d’associer au mieux les réflexions sur ces services émergents et celles amorcées sur les marchés pertinents. Elle peut être également exploitée pour amorcer des réflexions au sein du GRI ou de la CEPT.


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