La transition vers l'IPv6

Baromètre annuel de la transition vers IPv6 en France

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Accélérer la transition vers IPv6 : un enjeu majeur de compétitivité et d’innovation

L’IPv4, pour Internet Protocol version 4, est utilisé depuis 1983 pour permettre à internet de fonctionner : chaque terminal sur le réseau internet (ordinateur, téléphone, serveur, etc.) possède une adresse IPv4. Les adresses IP publiques sont enregistrées et routables sur internet, elles sont donc uniques mondialement. Le protocole IPv4, utilisé sur internet depuis le 1er janvier 1983, offre un espace d’adressage de près de 4,3 milliardsd’adresses IP. Or, le succès d’internet, la diversité des usages et la multiplication des objets connectés ont eu comme conséquence directe l’épuisement progressif des adresses IPv4. Les principaux opérateurs français (Bouygues Telecom, Orange, SFR)1 ont déjà affecté entre environ 93 % et 99 %des adresses IPv4 qu’ils possèdent, à fin juin 20222.

De façon générale, le monde connaît aujourd’hui une pénurie d’adresses IPv43. Au 25 novembre 2019, le RIPE NCC (le registre régional d’adresses IP qui alloue les IPv4 pour l’Europe et le Moyen-Orient) a en effet annoncé la pénurie d’IPv4, après avoir effectué l’attribution du dernier bloc /22 IPv4 (soit 1024 adresses) à partir des dernières adresses restantes4.

1 Free n’a pas communiqué le nombre d’adresses IPv4 déjà affectées.

2 Données recueillies par l’Arcep auprès de FAI conformément à la décision n° 2022-0617.

3 Les 5 registres Internet régional (RIR, de l’anglais Regional Internet Registry) sont aujourd’hui en pénurie d’IPv4. Il est possible de visualiser les courbes d’épuisement des adresses IPv4 RIR par RIR sur https://ipv4.potaroo.net/.

4 Une liste d’attente existe permettant de récupérer des adresses IPv4 rendues au RIPE NCC, mais peu d’adresses le sont. Le RIPE NCC explique que ces attributions, nécessairement limitées, ne pourront pas répondre aux besoins d’adresses IPv4 pour les réseaux aujourd’hui.

Les spécifications d’IPv6 ont été finalisées en 1998. Elles intègrent des fonctionnalités pouvant renforcer la sécurité par défaut et optimiser le routage. Surtout, IPv6 offre une quasi-infinité d’adresses : 667 millions d’IPv6 pour chaque millimètre carré de surface terrestre.

IPv4 et IPv6 ne sont pas compatibles : un équipement ne disposant que d’adresses IPv4 ne peut pas dialoguer directement avec un équipement ne disposant que d’adresses IPv6. Du fait de la complexité actuelle d’internet, la migration d’IPv4 vers IPv6 ne peut être effectuée brutalement en un seul jour. Elle se réalise donc progressivement, en déployant IPv6 en parallèle d’IPv4 (phase de cohabitation), puis, quand tous les acteurs auront migré, en remplacement total d’IPv4 (phase d’extinction d’IPv4).

La transition vers le protocole IPv6 a démarré en 2003. Cependant, en 2023, internet n’en est encore qu’à la phase de cohabitation. IPv4 et IPv6 vont coexister tant qu’IPv6 n’a pas été généralisé au niveau de tous les maillons de la chaîne d’internet.

Faire perdurer internet en IPv4 ne l’empêchera pas de fonctionner, mais l’empêchera de grandir, en raison des risques que présentent les solutions permettant de continuer le fonctionnement d’internet sur IPv4 malgré le manque d’adresses :

  • Le partage d’adresses IPv4 entre plusieurs clients peut provoquer le dysfonctionnement de certaines catégories de services sur internet (systèmes de contrôle de maison connectée, jeux en réseau, etc.). De plus, ce partage augmente le risque de se voir refuser l’accès à un service, par exemple quand l’IP est mise sur liste noire à cause du comportement frauduleux d’un autre colocataire de la même adresse IPv4. Un autre effet collatéral du partage d’IPv4 est de rendre difficile l’identification d’un suspect sur la base de son adresse IP pour les enquêtes judiciaires, obligeant parfois les enquêteurs à ouvrir des enquêtes sur des personnes qui n’ont pour seul tort que de partager la même adresse IPv4 qu’un suspect.

  • L’achat d’adresses IPv4 est possible sur un marché secondaire, mais le prix des adresses est susceptible d’ériger une barrière à l’entrée significative à l’encontre des nouveaux acteurs. En effet, le prix de vente d’adresses IPv4 sur le marché secondaire, qui était à environ 15 € par IPv4 à mi-2018, atteint environ 50 € par IPv4 depuis mi-20215. Par ailleurs, les adresses IPv4 achetées sur le marché secondaire peuvent bloquer certains services bancaires ou de vidéo à la demande, tant que la mise à jour de la géolocalisation des adresses n’est pas effective.

Le retard de développement d’IPv6 entraîne le risque d’une scission en deux d’internet : IPv4 d’un côté et IPv6 de l’autre. Certaines ressources sont déjà disponibles uniquement en IPv6 : certains hébergeurs en Europe proposent désormais des offres IPv6-only, où l’IPv4 est en option payante. Ces sites web ou applications « IPv6-only » ne sont pas accessibles aux utilisateurs qui n’ont qu’une adresse IPv4. En Inde, des sites web importants ne sont accessibles qu’en IPv6 et la Chine a planifié l’arrêt complet d’IPv4 en 2030 (cf. partie 7.4).

Face à cette pénurie annoncée et aux risques encourus, la transition vers un nouveau protocole de communication sur internet apparaît comme un enjeu majeur de compétitivité et d’innovation6.

5 Source : données IPv4.Global pour la région RIPE.

6 L’Arcep précise que les constats et travaux évoqués concernent uniquement le réseau internet et ne s’appliquent pas à l’interconnexion privée entre deux acteurs.

 

Présentation de la partie IPv6 lors de la conférence sur l’état d’Internet en France du 4 juillet 2023 :

Une multitude d’acteurs, à différents degrés de transition

État d’avancement de la transition IPv6 en France

La migration vers IPv6 du réseau internet doit concerner tous les maillons de la chaîne technique afin d’assurer un fonctionnement de bout en bout du protocole internet.

Afin d’évaluer l’état de déploiement du protocole IPv6 en France de différents acteurs impliqués dans la transition, l’Arcep a retenu plusieurs indicateurs. Ces indicateurs sont calculés soit à partir des données collectées par l’Arcep conformément à la décision n°2022-0617, soit à partir de données tierces7, pour les différents acteurs de l’écosystème d’internet.

7 Les sources exactes sont indiquées dans les parties afférentes à chaque type d’acteur.

Ces indicateurs permettent d’obtenir une vision d’ensemble de l’état des déploiements du protocole IPv6. L’avancement des différents maillons de la chaîne technique d’internet est le suivant :

L’état d’avancement de la transition IPv6 en France montre que cette dernière se fait plus rapidement du côté des opérateurs que du côté des hébergeurs :

Côté opérateur, les données collectées par l’Arcep montrent que la transition vers IPv6 va continuer à progresser fortement les prochaines années. Selon ces prévisions, à l’horizon mi-2025, respectivement 94 % sur le fixe et 88 % sur le mobile des clients grand public devraient avoir de l’IPv6 activé par défaut.

Sur le FttH grand public, la transition vers IPv6 serait quasiment terminée : presque tous les clients (plus de 99 %) auraient de l’IPv6 activé par défaut mi-2025. Ce taux d’IPv6 pourrait permettre à des sites web et services internet « IPv6-only » (non accessibles aux clients qui ne disposent que de l’IPv4) de voir le jour.

IPv6 est en revanche quasiment absent des accès internet des grandes entreprises. En Asie, où certains pays tels que l’Inde sont plus avancés dans la transition vers IPv6, certaines grandes entreprises n’ont migré que lorsqu’elles ont eu besoin d’accéder à des services internet disponibles uniquement en IPv6 (cf. partie 7.5).

Pour l’hébergement web, le rythme de la transition vers IPv6 semblerait ne pas permettre une transition complète dans les prochaines années. Toutefois, il apparaîtrait que les grands acteurs seraient plus avancés dans la transition vers IPv6 que les plus petits.

Les services de mail sont, quant à eux, particulièrement en retard. Si ce dernier n’est pas comblé dans les prochaines années, ces services pourraient retarder l’extinction d’IPv4 et prolonger la complexité inhérente liée à la cohabitation IPv4/IPv6 dans les réseaux.

Schéma résumant l’état d’avancement de la transition vers IPv6, côté fournisseurs d’accès à internet en France :

Scénarios de sortie d’IPv4

Quels sont les « scénarios de sortie » d’IPv4 plausibles ?

Le scénario de sortie d’IPv4 n’est pas connu et est très difficile à prévoir à ce jour. Si l’on essaie malgré tout d’imaginer les différentes étapes d’un tel scénario, on arrive par exemple à une séquence telle que celle-ci :

  1. la quasi-totalité des offres d’accès internet grand public commercialisées proposent de l’IPv6 activé par défaut en plus de l’IPv4 ;

  2. la quasi-totalité des offres d’accès internet grand public, pro et entreprise proposent de l’IPv6 activé par défaut. Une connectivité IPv4 est toujours proposée ;

  3. une part non négligeable des sites web sont hébergés en IPv6 uniquement, malgré des poches de résistances à l’IPv6, notamment pour l’accès à Internet proposé par les entreprises à leurs salariés. Ces sites ne sont plus accessibles depuis une entreprise qui bloque l’IPv6 ;

  4. une part non négligeable des offres des fournisseurs d’accès à internet ne proposent plus de connectivité IPv4. Il n’est plus possible de consulter des sites web hébergés en IPv4 uniquement ;

  5. la majorité des sites web abandonnent IPv4, devenu inutile. IPv4 n’est plus utilisé sur internet, mais peut continuer à être utilisé pour des réseaux privés.

 

Fournisseurs d'accès à internet fixe

Pour qu’une ligne fixe émette et reçoive en IPv6, quatre conditions doivent être réunies :

  1. le réseau utilisé doit être compatible IPv6 ;

  2. la box utilisée doit être compatible avec IPv6 (disposer d’un logiciel embarqué ou firmware capable de gérer ce protocole). La plupart des box proposées par les opérateurs depuis 2014 sont compatibles avec IPv6 ;

  3. l’IPv6 doit être activé sur la box utilisée (soit par l’opérateur, soit par le client) ;

  4. le système d’exploitation du terminal utilisé doit être compatible et activé en IPv6. Tous les systèmes d’exploitation sont compatibles avec IPv6 qui est activé par défaut depuis de nombreuses années (IPv6 a été par exemple activé par défaut sous Windows depuis Windows Vista en 2007).

Ainsi :

  • un client est dit « IPv6-ready » s’il est en mesure d’activer lui-même IPv6 sur sa box (le réseau et la box sont compatibles) ;

  • un client est dit « IPv6 activé » si sa box émet et reçoit effectivement du trafic en IPv6, soit grâce à une activation manuelle de sa part, soit grâce à l’activation effectuée par l’opérateur.

Les opérateurs grand public ayant plus de 3 millions de clients sur le réseau fixe

La politique d’activation d’IPv6 sur les box des principaux opérateurs explique la différence entre le taux de clients disposant d’IPv6 (« IPv6-ready ») et le taux de clients effectivement activés en IPv6 (qui émettent et reçoivent du trafic IPv6).

Les quatre principaux opérateurs ont également fourni leurs prévisions des taux de clients du réseau fixe « IPv6-ready » et activés en IPv6 à horizon un, deux et trois ans (cf. annexe, partie 8.1, pour plus de précisions).

Par ailleurs, les opérateurs ont détaillé leurs pratiques sur le partage d’IPv4 et l’activation d’IPv6 (cf. annexe, partie 8.1).

Les quatre opérateurs ont des politiques de partage d’adresse IPv4 différentes en fonction des technologies sur le réseau fixe :

  • La majorité des clients du réseau fixe de Free (75 % en xDSL, 100 % sur le réseau de collecte8 xDSL et 85 % en FttH) ainsi qu’une faible part des clients de Bouygues Telecom (6 % en xDSL et 1 % en FttH) ont une adresse IPv4 partagée. Cependant, ces opérateurs proposent gratuitement une adresse IPv4 dédiée sur demande.

  • Depuis 2021, certains clients de SFR ont également une adresse IPv4 partagée (50 % en FttH) et cet opérateur ne propose pas d’adresse IPv4 dédiée sur demande pour les clients concernés.

  • En ce qui concerne l’accès 4G fixe, si les clients de Bouygues Telecom et SFR ont une IPv4 dédiée, les clients de Free et d’Orange ont une adresse IPv4 partagée. Ces deux opérateurs ne proposent pas d’IPv4 dédiée pour la 4G fixe.

  • Ce partage d’IPv4 entre plusieurs clients pourrait se généraliser dans les prochaines années pour faire face à la pénurie d’IPv4.

Par ailleurs, IPv6 est activé par défaut, pour les clients éligibles, chez Bouygues Telecom, Free et Orange. Pour ce qui est des nouveaux clients, l’activation est systématique pour Free et Orange. Les nouveaux clients de SFR en xDSL n’ont pas d’IPv6 activé par défaut, et ce n’est le cas en FttH que dans les zones avec du CGN9. Chez Bouygues, pour toutes les technologies, cela dépend également de la zone.

Dès lors que l’IPv6 est disponible, sa désactivation n’est pas possible sur les box de Bouygues Telecom, Free et SFR (en FttH), ce qui constitue une bonne pratique. Pour le reste des clients SFR en xDSL, l’activation doit être réalisée par le client, via un paramétrage de la box.

Bouygues Telecom, Orange et SFR suivent une autre bonne pratique qui consiste à mettre en place pour leurs clients un pare-feu IPv6 activé par défaut et qui peut être configuré. Free propose un pare-feu uniquement en option et non configurable.

8 Lorsqu’un opérateur « loue » le réseau d’un autre pour y faire passer son trafic.

9 Le CGN (Carrier Grade NAT) est une méthode qui permet à un FAI de partager une adresse IP publique entre plusieurs de ses clients, diminuant ainsi le nombre d’adresses IP alloués aux clients au total.

Sur le réseau fixe, en ce qui concerne les principaux opérateurs télécom en France, l’Arcep constate des disparités importantes dans la transition vers IPv6 :

• Le taux de clients activés en IPv6 sur le réseau de SFR toutes technologies confondues a progressé jusqu’à atteindre 22 % mi-2022, contre 4,1 % à mi-2021. Les prévisions d’activations à venir sont d’environ 40 % à mi-2023 et près de 55 % à mi-2024).

Bouygues Telecom continue ses efforts (53 % mi-2022 contre environ 44 % de clients activés à mi-2021). L’opérateur indique des prévisions de 80 % à mi-2023 et 91 % à mi-2024 en termes d’IPv6 activé sur le réseau fixe.

• Sur les réseaux fixes, les taux actuels de clients activés de Free et d’Orange sont relativement élevés (respectivement supérieur à environ 99 % et 89 %) et ont progressé. Les projections à mi-2024 pour Orange s’établissent environ à 96 % de taux d’activation IPv6 de ses clients fixes.

Dans la perspective d’améliorer le taux d’activation d’IPv6 et tenir les projections établies, il convient de souligner que l’activation IPv6 par défaut est un levier particulièrement pertinent qu’il est recommandé à tous les FAI de mettre en place pour toutes leurs technologies d’accès (xDSL, FttX, 4G fixe, satellite, …).

Les opérateurs grand public ayant moins de 3 millions de clients sur le réseau fixe en métropole

Plusieurs initiatives d’opérateurs sont encourageantes, notamment Orne THD et Omega E&S qui ont déjà migré l’intégralité de leurs clients depuis 2019. Vialis qui a débuté sa transition en 2020 (avec 1 % de clients) et a déjà activé IPv6 auprès de 91 % de ses clients en 2022 (88 % mi-2021). Coriolis pour sa part montre un taux de clients activés relativement élevé et en progression, avec 75 % contre 72 % l’année précédente. Enfin, Tubéo, qui avait annoncé une transition vers IPv6 l’année dernière, a tenu ses prévisions et annonce 100 % de clients activés.

Plusieurs baisses du taux d’activation IPv6 sont cependant observés.

  • OVH Télécom poursuit la tendance observée depuis 2018 et a perdu en 2022 un point supplémentaire, en passant de 19 à 18 %.

  • K-Net a expliqué son recul de 17 % à mi-2021 à 0 % à mi-2022 par des difficultés techniques qu’il prévoit de résoudre à l’horizon 2023 en affichant des prévisions d’activation IPv6 à plus de 80 %.

Il convient de souligner que la bonne pratique qui consiste à activer l’IPv6 par défaut, sans possibilité de désactiver le protocole, est en place chez davantage d’opérateurs que l’année dernière : Coriolis Telecom, Omega E&S, Orne THD, Tubéo et Vialis.

Alsatis, bigblu, Nordnet, Ozone, VidéoFutur et Wifirst n’ont pas initié leur transition vers IPv6.

Les opérateurs ont également détaillé leurs différentes pratiques en ce qui concerne le partage des adresses IPv4 et la politique d’activation d’IPv6 (cf. annexe, partie 8.2).

Si certains opérateurs alternatifs proposent de l’IPv6 à leurs clients, les disparités sont importantes entre acteurs en termes de taux d’activation d’IPv6 et un certain nombre d’opérateurs n’ont pas transmis de prévisions pour 2023.

Les opérateurs grand public sur le réseau fixe en outre-mer

Orange propose de l’IPv6 pour 95 % de ses offres fixes grand public à la Réunion, Mayotte et 90 % dans les Caraïbes.

Dauphin Telecom a entamé la transition vers IPv6, avec 66 % de clients activés en IPv6 à mi-2022.

Zeop est passé en revanche de 21 % à mi-2021 à 16 % à mi-2022.

Canal+ Telecom, qui avait prévu, l’année dernière, d’initier sa transition, ne prévoit finalement que 3 % d’activations pour l’année 2023.

• Il est regrettable que SFR Caraïbe et SFR Réunion Mayotte n’aient pas encore entamé la transition vers IPv6.

Les opérateurs ont également détaillé leurs différentes pratiques en ce qui concerne le partage des adresses IPv4 et la politique d’activation d’IPv6 (cf. annexe, partie 8.3).

Les opérateurs proposant des offres « Pro » sur le réseau fixe

Suite aux signalements reçus sur la plateforme « J’alerte l’Arcep » concernant les difficultés de certaines entreprises pour obtenir des offres IPv6 de la part de leurs opérateurs, l’Arcep a élargi la collecte d’informations aux opérateurs proposant des offres à destination de la clientèle entreprise (offres « Pro ») sur leur réseau fixe.

Les trois opérateurs ont également fourni leur prévision des taux de clients du réseau fixe « IPv6-ready » et activés en IPv6 à horizon un an.

En ce qui concerne les offres « Pro » sur le réseau fixe, l’Arcep regrette que le déploiement d’IPv6 reste encore partiel et appelle les opérateurs à accélérer la transition vers IPv6 dans leurs offres à destination des entreprises :

• Alors que le déploiement d’IPv6 avait progressé en 2021, le taux d’IPv6 sur les offres « Pro » de Bouygues Telecom n’a pas évolué cette année (52 % à mi-2022). Bouygues Telecom prévoit néanmoins 90 % à mi-2023 en xDSL (réseau propre) et FttH.

• Alors que l’ensemble des clients des offres « Pro » du xDSL de SFR (réseau propre) sont « IPv6-ready », seulement 1 % de ceux-ci sont activés en IPv6. Par ailleurs, les offres « Pro » FttH et câble ne sont pas encore compatibles avec IPv6. Néanmoins, des progrès sont observés sur les offres « Pro » en 4G fixe avec 33 % de clients activés à mi-2022.

Orange poursuit ses efforts dans la transition sur ses offres « Pro » sur la technologie FttH avec 52 % de clients activés à mi-2022 (contre 35 % de clients activés à mi-2021). La transition sur les technologies xDSL et 4G fixe apparaît moins avancée.

Opérateurs mobiles

Pour qu’une ligne mobile émette et reçoive en IPv6, quatre conditions doivent être réunies :

  1. le réseau mobile utilisé doit être compatible IPv6, c’est-à-dire que l’Access Point Name (ou APN) doit être capable de gérer le protocole IPv6 ;

  2. le système d’exploitation du terminal doit être compatible IPv6. Si c’est le cas de la quasi-totalité des smartphones récents (Android 5 et plus récent, iOS 12 et plus récent), certains modem-routeurs 4G commercialisés en 2023 ne sont toujours pas compatibles avec IPv6. Parmi ces modem-routeurs 4G qui sont compatibles IPv6, l’absence de support de certains standards IPv6 pourrait entraîner le dysfonctionnement de certaines applications avec un APN « IPv6-only10 » ;

  3. l’IPv6 doit être activé sur le réseau, coté opérateur (activation dans l’espace client nécessaire uniquement pour Free mobile, les autres opérateurs activant systématiquement IPv6 coté réseau) ;

  4. l’IPv6 doit être activé sur l’APN, coté mobile. Cela passe habituellement par une mise à jour des paramètres opérateur du fabricant du terminal. Sous Android, il est possible de configurer manuellement l’APN en IPv6, cependant, la grande majorité des utilisateurs n’activant pas spontanément IPv6. L’activation manuelle n’est pas actuellement permise par un iPhone.

Ainsi :

  • un client est dit « IPv6-ready » s’il est en mesure d’activer lui-même IPv6 sur son terminal (le réseau est compatible) ;

  • un client est dit « IPv6 activé » si son terminal émet et reçoit effectivement du trafic en IPv6, soit grâce à une activation manuelle de sa part, soit grâce à l’activation effectuée par l’opérateur.

 

103 types de connexions sont possibles sur le mobile :

  • « IPv4-only » : Le terminal n’est connecté au réseau que par une IPv4. C’est le cas des offres sans IPv6 ;

  • « IPv4/IPv6 » : Le terminal possède une IPv4 et une IPv6. C’est le type de connexion majoritaire sur les accès fixe avec IPv6 ;

  • « IPv6-only » : Le terminal n’est connecté au réseau que par une IPv6. C’est le type de connexion majoritaire sur les smartphones. Des mécanismes comme NAT64, DNS64 ou 464XLAT sont mis en place pour que le mobile puisse accéder à l’Internet IPv4-only, depuis un accès IPv6.

 

Les opérateurs grand public ayant plus de 3 millions de clients sur le réseau mobile

Cette année, les pourcentages affichés concernent tout le parc des opérateurs mobiles, sans distinction entre terminaux Android ou iOS12.

La politique d’activation d’IPv6 des principaux opérateurs explique la différence entre le taux de clients disposant d’IPv6 et le taux de clients effectivement activés en IPv6 (qui émettent et reçoivent du trafic IPv6).

12 Les données de part de marché utilisées dans ce baromètre sont 70 % pour Android et 30 % pour iOS. Données Statcounter pour la France.

 

Afin de basculer les clients dits « IPv6-ready » en « IPv6 activé », les opérateurs réalisent une modification de la configuration APN, qui habituellement, passe par une mise à jour proposée par le constructeur du terminal mobile.

Voici les terminaux concernés, dans leur dernière version logicielle, par une activation d’IPv6 :

Si votre mobile vous propose une mise à jour, n’hésitez pas à l’installer : outre les correctifs comblant des failles de sécurité, permettant de limiter le risque de piratage, la mise à jour pourrait vous apporter IPv6.


Retrouvez sur le site de l’Arcep comment activer IPv6 sur votre mobile Android selon votre opérateur. Actuellement, les iPhone ne permettent pas aux utilisateurs de faire eux-mêmes la modification de protocole de l’APN.

En ce qui concerne l’activation d’IPv6, les opérateurs ont également indiqué leur plan de transition vers l’IPv6 du réseau mobile à un, deux et trois ans sur Android et sur iPhone :

Le type d’IPv6 proposé par les opérateurs (double pile, IPv6-only avec ou sans DNS64), la taille du préfixe et la possibilité de configurer le pare-feu IPv6 est détaillé en annexe, partie 8.4.

Sur les réseaux mobiles, l’Arcep observe une poursuite du déploiement d’IPv6 en France métropolitaine, même si des disparités importantes subsistent entre opérateurs. Les opérateurs sont donc invités à poursuivre leurs efforts pour accélérer l’activation d’IPv6 :

Bouygues Telecom est très avancé dans le déploiement d’IPv6 sur le réseau mobile, avec 89 % de clients activés en IPv6 à mi-2022 (85 % sur Android et 99,4 % sur iPhone).

• Des progrès importants sont observés dans le déploiement d’IPv6 sur le réseau mobile d’Orange, avec 71 % de clients activés en IPv6 à mi-2022. Orange prévoit mi-2023 75 % de clients Android et 94 % de clients iPhone activés en IPv6.

SFR avait mené en 2021 un déploiement significatif d’IPv6 pour ses clients équipés d’un iPhone, avec 95 % de taux d’activation à mi-2022. SFR affiche un taux de clients Android activés en IPv6 en progression en 2022 (29 %).

• Malgré la compatibilité de son réseau mobile en IPv6, Free Mobile a un très faible pourcentage de clients IPv6 activés (1 %) car le protocole IPv6 n’est pas activé par défaut. L’opérateur n’a pas été en mesure de transmettre des prévisions concernant les activations à venir. Comme mentionné dans la partie 3.1, l’activation d’IPv6 par défaut est un levier particulièrement efficace pour favoriser le développement d’IPv6 sur le parc d’utilisateur final.

Les opérateurs grand public ayant moins de 3 millions de clients sur le réseau mobile en métropole

Les pourcentages affichés concernent tout le parc des opérateurs mobiles, sans distinction entre terminaux Android ou iOS13.

13 Les données de part de marché utilisées dans ce baromètre sont 70 % pour Android et 30 % pour iOS. Données Statcounter pour la France.

Les opérateurs ont également indiqué leur plan de transition vers l’IPv6 du réseau mobile à un an :

En France métropolitaine, grâce au déploiement d’IPv6 dans les réseaux des principaux opérateurs en France, les opérateurs mobiles ayant moins de 3 millions de clients et exploitant directement les APN des principaux opérateurs peuvent fournir de l’IPv6 à leurs clients. Cependant, parmi les opérateurs qui possèdent leurs propres APN, seuls Lebara Mobile et Syma Mobile envisagent de proposer IPv6 à partir de 2023. China Telecom CTExcelbiz, Coriolis Telecom, Lycamobile et Transatel n’ont pas encore entamé leur transition.

Le tableau détaillant, opérateur par opérateur, la possibilité de prendre en charge IPv6 « IPv6-ready » et les clients activés « IPv6-activé » est détaillé en annexe, partie 8.5.

Les opérateurs qui ont moins de 3 millions de clients sur le réseau mobile, notamment ceux qui gèrent leurs propres APN, sont encouragés à entamer rapidement et accélérer la transition vers IPv6.

Les opérateurs grand public sur le réseau mobile en outre-mer

Pour rappel, l’Arcep a introduit, pour les opérateurs qui se sont vus attribuer des fréquences dans les bandes 700 MHz et 3,4-3,8 GHz à La Réunion14 et dans la bande 700 MHz à Mayotte15, une obligation de rendre leur réseau mobile compatible en IPv6 avant le 31 décembre 2022.


Au niveau des départements et régions d’outre-mer, Zeop est l’unique opérateur mobile qui a commencé à activer IPv6 sur son réseau (40 % à mi-2022). Orange prévoit d’y entamer le déploiement d’IPv6 en 2023 (avec 15 % pour Orange Réunion Mayotte et 1 % pour Orange Caraïbe à mi-2023). Cf. annexe, partie 8.6, pour plus de précisions.

14Décision n° 2021-0590 de l’Autorité en date du 15 juin 2021 proposant au ministre chargé des communications électroniques les modalités et les conditions d’attribution d’autorisations d’utilisation de fréquences dans les bandes 700 MHz et 3,4 − 3,8 GHz à La Réunion pour établir et exploiter un réseau radioélectrique mobile ouvert au public.

15Décision n° 2021-0591 de l’Autorité en date du 15 juin 2021 proposant au ministre chargé des communications électroniques les modalités et les conditions d’attribution d’autorisations d’utilisation de fréquences dans les bandes 700 MHz et 900 MHz à Mayotte pour établir et exploiter un réseau radioélectrique mobile ouvert au public.

Les opérateurs proposant des offres « Pro » sur le réseau mobile

Afin d’améliorer le suivi de la transition vers IPv6, l’Arcep a élargi depuis 2020 la collecte d’informations aux opérateurs proposant des offres « Pro » sur leur réseau mobile.

La politique d’activation d’IPv6 des principaux opérateurs explique la différence entre le taux de clients disposant d’IPv6 et le taux de clients effectivement activés en IPv6 (qui émettent et reçoivent du trafic IPv6).

Des progrès notables sont observés en ce qui concerne le déploiement d’IPv6 sur les offres Pro sur le réseau mobile :

• À l’instar de ses offres grand public sur le réseau mobile, Bouygues Telecom a mené un déploiement relativement rapide en activant la plupart des terminaux iPhone (99 %) et Android (89 %) sur ses offres « Pro » mobiles.

• Sur ses offres « Pro » mobiles, Orange a poursuivi le déploiement d’IPv6, avec 95 % des terminaux iPhone et 67 % des terminaux Android activés en IPv6.

SFR avait massivement déployé d’IPv6 sur les terminaux iPhone en 2021, permettant d’atteindre 95 % de terminaux iPhone activés en IPv6 à mi-2022. Le taux actuel de terminaux Android activés en IPv6 a progressé en atteignant 29 % à mi-2022 (contre 13 % à mi-2021). SFR est invité à accélérer davantage l’activation d’IPv6 sur les terminaux Android pour leurs offres « Pro ».

Les opérateurs sont invités à poursuivre ou finaliser le déploiement d’IPv6 sur l’intégralité de leurs offres à destination des entreprises.

Hébergeurs, fournisseurs de contenu et infrastructure DNS

Afin qu’IPv6 soit disponible au niveau d’un hébergeur, cinq conditions doivent normalement être réunies :

  • le réseau de l’hébergeur utilisé doit être compatible IPv6 ;

  • le système d’exploitation du serveur doit être compatible IPv6 et sa pile IPv6 activée. C’est le cas de tous les systèmes d’exploitation des serveurs utilisés actuellement ;

  • l’hébergeur doit préconfigurer le serveur pour utiliser un adressage IPv6 ;

  • le fournisseur de contenu doit utiliser des applications serveur (web, mail, etc.) gérant le protocole IPv6. C’est aujourd’hui majoritairement le cas par défaut ;

  • le fournisseur de contenu doit configurer les DNS avec un enregistrement IPv6, afin que le nom de domaine propose d’utiliser IPv6.

Quand toutes ces conditions sont réunies, le service hébergé peut être accessible en IPv6.


Ainsi, contrairement à un fournisseur d’accès à internet qui peut activer à distance IPv6 sans nécessiter d’actions de la part de son client (le consommateur final), une ou plusieurs actions du client d’un hébergeur (le fournisseur de contenu) sont nécessaires pour que l’IPv6 soit utilisable de bout en bout.


Dans la suite de cette partie, nous nous intéressons à trois types de services applicatifs : le web, le mail et le DNS.

Hébergement web

Les hébergeurs de sites web représentent encore l’un des principaux goulots d’étranglement dans la migration vers IPv6 : sur les principaux sites visités par les Français selon le classement Alexa, seuls 31 % sont accessibles en IPv616 (contre 26 % en octobre 2020). On considère un site comme accessible en IPv6 lorsqu’il dispose d’un enregistrement IPv6 (« AAAA ») au niveau du serveur DNS.

Il est à noter que le taux de pages web accessibles en IPv6 (contenus IPv6) est significativement plus élevé (67 %). En effet, les petits fournisseurs de contenu proposent souvent des sites web (au nombre de pages consultées généralement faible) non compatibles avec IPv6.

166lab Cisco au 23/12/2022. Données sur le Top 730 d’Alexa en France.

 

 

 

 

Le taux de sites web disponibles en IPv6 est uniquement de 25 % lorsque l’on considère les 2,3 millions de sites web en .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf avec un hébergement web HTTPS valide, afin d’exclure une partie des noms de domaines achetés, mais inutilisés17.

17 Données Afnic, octobre 2022. Ces données sont basées sur des informations de zones DNS et sur l’analyse des enregistrements A, AAAA configurés sur un nom de domaine. Les données 2022 excluent une partie des noms de domaines inutilisés : Le processus prend en source l’intégralité des noms de domaines .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf et excluent les noms de domaines sans HTTPS valide. Le robot d'exploration parcourt dans l'ordre les URL `https://{domaine}`, `https://www.{domaine}`, et s'arrête à la première requête qui termine sans erreur. Si une redirection sur `https://{domaine}`, a amené le robot d'exploration sur un domaine égal au nom de la zone préfixée par `www` alors les données utilisées sont celles de www.{domaine}, sinon ce sont celles de la racine. Pour chaque IP récupérée, utilisation de la base MaxMind pour connaître l'AS annonçant cette IP.

Le pourcentage de sites web accessibles en IPv6 est en augmentation depuis 2015, mais le rythme de cette évolution semble loin de pouvoir permettre une transition complète dans les prochaines années.

Même si plusieurs hébergeurs proposent IPv6 dans leurs offres, le taux de sites web accessibles en IPv6 est très faible pour de nombreux acteurs du top 10 (en nombre de noms de domaine), car il n’est pas activé par défaut.

Parmi les acteurs du Top 10, seuls IONOS 1&1, Cloudflare et Infomaniak ont plus de la moitié de sites avec de l’IPv6, leurs déploiements constituent donc des exemples à suivre.

Des précisions sur les 50 premiers hébergeurs sont également disponibles en annexe (partie 8.7). Une liste plus complète des taux de sites web, hébergement mail et infrastructures DNS accessibles en IPv6 est disponible dans 3 formats : PDF, OpenDocument (lisible avec LibreOffice Calc ou Excel), données brutes CSV.

Hébergement web « IPv6-only »

Même si la grande majorité des sites web accessibles en IPv6 sont également accessibles en IPv4 (les serveurs sont configurés en double pile avec IPv4+IPv6), on note une augmentation du nombre de sites web accessibles uniquement en IPv6. Certains hébergeurs proposent en effet des offres « IPv6-only » pour lesquelles l’IPv4 est en option payante. Les sites hébergés sur ces serveurs « IPv6-only » ne sont alors pas accessibles aux clients d’opérateurs « IPv4-only ». Cette situation illustre la nécessité de passer à IPv6 pour éviter de voir se développer un internet scindé en deux, IPv4 d’un côté et IPv6 de l’autre.


En octobre 2022, 1106 noms de domaine en .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf avec HTTPS valide sont accessibles uniquement en IPv6, soit 0,05 % des noms de domaines. Ce nombre a doublé en comparaison à 2020 (514 noms de domaine), mais reste très limité.

Hébergement mail

La transition des hébergeurs mail connaît également un très fort retard : seuls 8,3 % des serveurs mail18 (contre 7,4 % à mi-2021) sont à ce jour adressés en IPv6 lorsque l’on considère les 1,9 million de sites web en .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf avec un hébergement web HTTPS valide et un hébergement mail. Il est à noter qu’un certain nombre d’entre eux comportent un niveau de redondance19 en IPv6 inférieur à celui atteint en IPv4, ce qui est donc susceptible de poser des problèmes de résilience.

18 Données Afnic, octobre 2022, sur l’intégralité des noms de domaines .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf, exclusion fait des noms de domaines ne proposant pas un hébergement web HTTPS valide ou un MX.

19 La majorité des noms de domaines ont plusieurs relais de messagerie (plusieurs adresses IP pour le type d’enregistrement MX). En cas de défaillance d’un relais, un autre prend en charge les mails entrants afin d’assurer la continuité de service. On note ici que certains noms de domaines ont une redondance mail en IPv6 inférieur à celle en IPv4.

Cette année encore, le constat est similaire à celui de l’année dernière : le taux d’IPv6 dans l’hébergement mail reste alarmant. Le retard sur ce maillon de la chaîne d’internet, s’il n’est pas comblé dans les prochaines années, pourrait retarder l’extinction d’IPv4 et prolonger la complexité inhérente liée à la cohabitation IPv4/IPv6 dans les réseaux.

Parmi les acteurs du Top 10, seuls Google et Infomaniak se démarquent avec plus de 89 % de noms de domaines en IPv6 pour le mail (cf. annexe, partie 8.7 pour des précisions sur le Top 50).

Infrastructure DNS

L’infrastructure DNS permet de traduire un nom de domaine, par exemple www.arcep.fr, en une adresse IP. C’est aujourd’hui le secteur le plus en avance dans la transition vers IPv6 avec environ 75 % des serveurs faisant autorité20 supportant IPv6 lorsque l’on considère les 2,3 millions de sites web en .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf avec un hébergement web HTTPS valide. Environ 73 %21 des serveurs DNS garantissent une résilience22 d’IPv6 équivalente à celle d’IPv4 (niveau de redondance identique).

20 Un DNS faisant autorité est un serveur DNS qui fait autorité pour un domaine, c’est-à-dire qu’il détient l’information quant à la résolution d’adresse pour le domaine.

21 Données Afnic, octobre 2022, sur l’intégralité des noms de domaines .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf, exclusion fait des noms de domaines ne proposant pas un hébergement web HTTPS valide.

22 La majorité des noms de domaines ont plusieurs serveurs DNS faisant autorité pour le domaine. En cas de défaillance d’un serveur, un autre permet d’assurer la continuité de service. On note ici que certains noms de domaines ont une redondance DNS en IPv6 inférieur à celle en IPv4.

On note dans le Top 10 des hébergeurs de serveurs DNS une grande hétérogénéité au niveau des principaux hébergeurs, avec cinq acteurs (OVHcloud, Gandi LIVEDNS, IONOS 1&1, Cloudflare et Adista) qui ont plus de 80 % des serveurs DNS en IPv6.

Des précisions sur les 50 premiers hébergeurs sont également disponibles en annexe (partie 8.7). Une liste plus complète des taux de sites web, hébergement mail et infrastructures DNS accessibles en IPv6 est disponible dans 3 formats : PDF, OpenDocument (lisible avec LibreOffice Calc ou Excel), données brutes CSV.

Sites web et services en ligne de l’État (.gouv.fr)

L’exemplarité de l’État dans la transition vers IPv6 étant un des leviers importants pour accélérer la migration, le baromètre a été enrichi depuis 2020 avec des indicateurs sur l’avancement de cette transition pour les différents sites web et services en ligne de l’État. L’étude actuelle concerne les 586 sites ayant un suffixe en .gouv.fr, disponibles en HTTPS avec un certificat valide.

Même si quelques sites (1,8 %) sont disponibles en IPv6, il est regrettable que la grande majorité ne soit encore accessible qu’en IPv4. Cette année encore, le déploiement en IPv6 des sites web et services en ligne de l’État apparaît donc encore très insuffisant, en particulier pour répondre à l’objectif d’exemplarité de l’État en matière de transition vers IPv6. Une attention accrue pourrait être portée à la compatibilité IPv6 lors des évolutions techniques des sites web existants et lors d’appels d’offres pour la création de nouveaux services en ligne.

Seul 0,5 % des sites observés ont un hébergement mail qui propose l’IPv6. La transition vers IPv6 des serveurs DNS est relativement avancée, avec un taux d’environ 76 %, légèrement supérieure à la valeur observée pour l’ensemble des noms de domaines en .fr.

Transitaires et terminaux

Transitaires

La méthodologie retenue par 6lab de Cisco consiste à considérer comme « transitaires » tous les AS23 qui apparaissent sur un chemin AS de la table BGP et qui ne sont pas l’AS d’origine ou de destination.

Le taux de transitaires qui gèrent IPv6 en France a connu une augmentation de plus de 22 points durant les 10 dernières années.

23Un AS (Autonomous System) est un numéro de 16 bits ou 32 bits qui identifie un réseau.

En 2022, 50 % des transitaires opérant sur le territoire français pouvaient gérer du trafic IPv6 contre 46 % en 2021.

Ce taux, pondéré par le nombre de clients de chaque transitaire, atteint environ 82 % pour 202224. Ceci indique que les transitaires de plus grande taille sont plus à même de gérer IPv6 que les transitaires plus petits.

246lab Cisco au 23/12/2022.

Terminaux

Pour qu’un terminal émette et reçoive du trafic en IPv6, le système d’exploitation (Operating System − OS) doit être compatible IPv6, et IPv6 doit être activé par défaut.

Sur de nombreux objets connectés (système d’alarme, télévisions, etc.), IPv6 est intégré dans l’OS, mais n’est pas activé par le constructeur de l’objet connecté.

Tous les systèmes d’exploitation sont compatibles avec IPv6 qui est activé par défaut depuis de nombreuses années (IPv6 a été par exemple activé par défaut sous Windows depuis Windows Vista en 2007). Cependant, certains systèmes d’exploitation ne peuvent pas fonctionner correctement en IPv6 en absence d’IPv4 (par exemple dans le cas où IPv6 est le seul protocole disponible) car ils n’intègrent pas le support de la RFC 8106Neighbor Discovery Protocol RDNSS.

Si les systèmes d’exploitation sont activés par défaut en IPv6 dans le cadre d’une auto-configuration de l’IP, de nombreux serveurs (ou machines virtuelles) ne sont provisionnés qu’en IPv4, car l’outil qui va configurer le serveur ne va le faire qu’en IPv4. IPv6 peut être disponible, mais uniquement si le serveur est configuré manuellement (sous réserve que l’hébergeur propose IPv6, certains hébergeurs ne proposant pas encore d’IPv6).

Des disparités en termes d’activation IPv6 au niveau des différentes versions de la distribution Linux Ubuntu peuvent être observées.

Même si le taux global des OS Ubuntu (et ses dérivées) qui ont une connectivité IPv6 est seulement de 19 %, on constate que les nouvelles installations ont un pourcentage d’IPv6 activé bien plus important que les anciennes versions.

 

Où en est la France ?

Une carte IPv6 interactive sur le site de l’Arcep

L’Arcep met en place une carte interactive, permettant de visualiser le taux d’utilisation d’IPv6 des 100 pays avec le plus grand nombre d’internautes25 et l’évolution du classement de ces 100 pays entre eux. Le taux d’utilisation d’IPv6 représente le pourcentage d’utilisateurs en IPv6, mesuré au niveau d’un hébergeur (qui propose déjà de l’IPv6). Il donne donc une idée de l’état de la transition des terminaux et des fournisseurs d’accès à internet (fixe et mobile).

Cette carte permet de visualiser des graphiques d’évolution de l’IPv6 pays par pays en cliquant sur un pays. En haut à droite, il est possible de changer la vue :

  • Taux d’IPv6 : colorie la carte en fonction du taux d’utilisation de l’IPv6 ;

  • Rang mondial : colorie la carte en fonction du classement entre les 100 pays avec le plus d’internautes ;

  • Évolution sur 1 an : colorie la carte en fonction de l’évolution du taux d’IPv6 sur les 12 derniers mois.

Cette carte est mise à jour tous les deux mois avec la médiane (moyenne arithmétique des deux valeurs centrales) pour les 4 principales sources de données sur la transition IPv6 au niveau mondial26. La médiane permet de fiabiliser les données qui peuvent, pour une source donnée, varier d’un mois à l’autre. Les données sont placées en open data sur data.gouv.fr.

25 Utilisation des 100 pays avec le plus grand nombre d’internautes de Wikipédia, en date du 6 février 2023.

26 Données « Google IPv6 adoption », « Akamai IPv6 adoption », « Facebook IPv6 adoption », « Apnic IPv6 preferred » (ce dernier achète des publicités sur des sites commerciaux, afin d’avoir de nombreuses vues pour suivre l’évolution de l’IPv6).

Statistiques IPv6, sur le top 100 des pays en nombre d’internautes

Au niveau mondial, la France passe de la huitième place en février 2022 à la seconde place en février 2023 en termes de taux d’utilisation d’IPv6 d’après la médiane (moyenne arithmétique des deux valeurs centrales) pour les quatre principales sources de données publiquement disponibles pour évaluer l’utilisation d’IPv627.

27 Données « Google IPv6 adoption », « Akamai IPv6 adoption », « Facebook IPv6 adoption », « Apnic IPv6 preferred » de février 2023. L’agrégation des données entre les pays est réalisée au prorata du nombre d’utilisateurs d’internet (source Wikipédia, données en date du 6 février 2023). La médiane (moyenne arithmétique des deux valeurs centrales) entre les 4 sources est calculée pays par pays, avant d’être agrégée au prorata du nombre d’utilisateurs d’internet dans chaque région.

On observe une augmentation importante du taux d’utilisation d’IPv6 dans plusieurs pays en un an, notamment28 :

  • +16 points : Israël ;

  • +15 points : la France ;

  • +11 points : l’Arabie Saoudite et le Paraguay ;

  • +9 points : le Royaume-Uni ;

  • +8 points : les Émirats Arabes Unis, le Népal, l’Indonésie, l’Ukraine ; la Grèce et la Norvège ;

  • +7 points : le Japon, la Hongrie, la Birmanie, la Bulgarie.

28 Évolution entre février 2022 et février 2023. Des graphiques sont proposés, pays par pays, sur la carte IPv6 interactive.

Graphique montrant l’évolution de l’utilisation d’IPv6 sur le top 15 des pays sur 3 ans :

Le déploiement d’IPv6 est très variable selon les régions du monde. Les trois régions les plus avancées dans la transition vers IPv6 sont l’Europe de l’Ouest (54 % d’utilisation d’IPv6), l’Asie centrale et du Sud (49 %) et l’Amérique du Nord et centrale (47 %). Les régions les plus en retard dans le déploiement d’IPv6 sont l’Europe de l’Est (13 %), l’Europe du Sud (12 %) et l’Afrique (1 %).

L’éveil de l’IPv6 en Afrique

Si l’Afrique à aujourd’hui un pourcentage d’IPv6 activé inférieur à 1,5 % en moyenne, Orange a annoncé, fin 2022, lors d’un événement IDATE29 lancer IPv6 dans les différentes filiales Africaines d’Orange. Il est possible que, par un effet d’entraînement, certains concurrents entament une démarche de migration vers IPv6.

29 Source : Compte rendu de la réunion IDATE du 23 novembre 2022

 

La Chine va accélérer sa transition vers le protocole IPv6 et prévoit d’éteindre IPv4 d’ici 2030

Le 23 juillet 2021, le bureau de la Commission centrale de la cybersécurité et de l’information chinois a rendu public un plan en 3 étapes30 pour que le protocole IPv6 remplace le protocole IPv4 sur les différents services d’accès à internet et d’hébergement situés en Chine :

  • Fin 2023 : l’objectif est que tous les nouveaux routeurs prennent en charge IPv6 par défaut. Les réseaux 5G standalone seront « IPv6-only » et n’utiliseront plus l’espace d’adressage IPv4 privé.

  • Fin 2025 : les réseaux, plateformes, applications, terminaux et diverses industries devront être déployés avec de l’IPv6 activé par défaut. Les nouveaux sites web, applications, installations et systèmes de sécurité seront compatibles en IPv6.

  • Fin 2030 : l’objectif est d’achever la transition vers IPv6 en éteignant les couches de compatibilité avec le protocole IPv4. La Chine ne devrait alors plus utiliser le protocole IPv4, ni pour des serveurs ni pour des clients. Seul le protocole IPv6 sera disponible.

La Chine souhaite devenir le leader mondial du protocole internet IPv6 et fait pression pour accélérer son déploiement, car il s’agit « d’une tendance inévitable à la mise à niveau d’internet, d’une direction-clé de l’innovation technologique du cyberespace et d’une infrastructure de soutien-clé pour un pays puissant du cyberespace », selon les régulateurs chinois.

En mars 2023, la Chine est classée en 34e position, avec 25 % de taux d’utilisation d’IPv631 pour l’accès à internet.

30 Source : Document (en chinois) du bureau de la Commission centrale de la cybersécurité et de l’information chinois.

31 Source : Statistiques IPv6, sur le top 100 des pays en nombre d’internautes de mars 2023.

 

L’Inde, pays leader en IPv6

L’Inde est le pays le plus avancé dans la transition vers IPv6. Contrairement à la France où la transition se fait en rajoutant IPv6 en plus d’IPv4, en Inde, pays moins doté en nombre d’adresses IPv4 par habitant, certains sites web importants ne sont d’ores et déjà plus accessibles qu’en IPv632. Les utilisateurs, dont les entreprises, disposent en conséquence de fortes incitations pour migrer vers IPv6 sous peine de se voir privés d’accès à des sites nécessaires à leur activité ou contraints de mettre en place des solutions palliatives telle que la mise en place de postes informatiques isolés du réseau d’entreprise et connectés directement à Internet pour accéder à ces sites.

32 Voir le témoignage de Schneider Electric, dans le guide « Entreprises, pourquoi passer à IPv6 » de décembre 2020.

 

Annexe : davantage de données sur la transition vers IPv6

Les opérateurs grand public ayant plus de 3 millions de clients sur le réseau fixe

Les opérateurs grand public ayant moins de 3 millions de clients sur le réseau fixe en métropole

Les opérateurs grand public sur le réseau fixe en outre-mer

Les opérateurs grand public ayant plus de 3 millions de clients sur le réseau mobile

Les opérateurs grand public ayant moins de 3 millions de clients sur le réseau mobile en métropole

Les opérateurs grand public sur le réseau mobile en outre-mer

Hébergeurs, fournisseurs de contenu et infrastructure DNS

Une liste plus complète des taux de sites web, hébergement mail et infrastructures DNS accessibles en IPv6 est disponible dans 3 formats : PDF, OpenDocument (lisible avec LibreOffice Calc ou Excel), données brutes CSV.

Liste des contributeurs

Ce document a été réalisé par l’Arcep

  • Cécile Dubarry, directrice générale.

Direction « Internet, presse, postes et utilisateurs »

  • Olivier Delclos, directeur.

Unité « Internet ouvert »

  • Aurore Tual, puis Sandrine Hersi, cheffe de l’unité ;

  • Vivien Guéant, chargé de mission ;

  • Oriane Piquer-Louis, chargée de mission.

Unité « Régulation par la donnée » pour la réalisation de la carte IPv6

  • Gaspard Ferey, chef de l’unité ;

  • Mathieu Garnier, chargé de mission.

Direction « Communication et partenariats »

  • Clémentine Beaumont, directrice ;

  • Marie-Alix Dadillon, chargée de mission ;

  • Charlotte Victoria, chargée de mission ;

  • Victor Schmitt, chargé de mission.

Direction « Affaires juridiques »

  • Elisabeth Suel, directrice.

Unité « Infrastructures et Réseaux ouverts »

  • Rémy Maecker, chef de l’unité ;

  • Paul Bougard, chargé de mission.

 

Un grand merci à…

  • Les opérateurs français pour les réponses aux questionnaires IPv6 ;

  • L’Afnic (L’Association française pour le nommage Internet en coopération) ;

  • La task-force IPv6 ;

  • Cisco 6lab ;

  • Google IPv6 adoption ;

  • Akamai IPv6 adoption ;

  • Facebook IPv6 adoption ;

  • APNIC labs ;

  • Statistiques fr.archive.ubuntu.com.

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Publication

Arcep
14, rue Gerty-Archimède − 75 012 Paris
Direction de la Communication et Partenariats : com(@)arcep.fr

Design des graphiques : Agence Luciole.

Mise en page PDF : Arcep / LibreOffice Writer

21 avril 2023

ISSN n°2258-3106